Boites
8 mm Lebel

Cette célèbre cartouche eut une naissance précipitée: en effet, le Général Boulanger, alors ministre de la Guerre, ayant eu connaissance des études menées depuis 1880 sur la réduction des calibre des armes portatives, et surtout de la mise au point à la fin de 1884, d’une poudre à base de nitrocellulose par Monsieur Vieille (poudre V appelée sans fumée), ordonna en Janvier 1886 qu’un fusil bénéficiant de toutes ces inventions lui soit présenté le 1er mai 1886. L’ordre fut respecté et en 5 mois, l’arme et sa munition furent conçus, construits et essayés. C’est le capitaine Desaleux qui se chargea de dessiner l’étui au profil tourmenté qui associait un culot de 11 mm Gras à une balle de 8 mm. Malgré les problèmes que cette cartouche allait poser, en particulier pour alimenter les armes semi ou automatiques, sa fabrication ne sera arrêtée qu’au début des années 1960, soit 75 ans après sont adoption. Cette cartouche est historique à bien des titres, car elle accumule les premières mondiales :

- Première cartouche de petit calibre (8 mm) adoptée officiellement pour un fusil,
- Première cartouche à poudre sans fumée (poudre V, rebaptisée B en 1886),
- Première balle intégralement chemisée, adoptée officiellement pour une arme d’épaule,
- enfin et surtout elle marque le début de l’ère des armes modernes de petit calibre.

La première cartouche, de 8 x 50 R est appelée modèle 1886. L'étui est obtenu par étampage à partir de laiton, appelé flan, il est de forme bouteille et comporte un bourrelet. Le métal utilisé est un alliage de 67 % cuivre et de 33 % zinc.

Coupes de 8 Lebel ICI

Liste des marquages des 8 mm Lebel ICI

Photos de divers marquages de culots ICI.

Lames chargeurs en calibre 8 x 50 R lebel ICI

Synonymes:
8 x 50 R Lebel.
8 mm Mle 1886 M.
8,03 x 51 R.
8 x 50,5 R.
8,03 x 50R.
8mm Lebel Modelo 1886.
80 x 50 R Mod. 86-88-93-1932.

Cotes moyennes:
8,25 x 50,4
Diamètre de la balle: 8,11 mm
Diamètre de l'étui au collet: 8,83 mm
Diamètre de l'étui à la base: 13,76 mm
Longueur de l'étui: 50,7 mm
Longueur totale: 74,9 mm
Poids: 24,3 g

Utilisation:
Fusil Gras Mle 1874 M 80 M 14.
Remington 1915.
MAS 47.
Lebel 1886 M 93.
Berthier Mle 1902.
Berthier Mle 1907.
Berthier Mle 07/15.
Berthier Mle 1916.
Mousqueton Berthier de cavalerie Mle 1890
Mousqueton Berthier Mle 1892.
Mousqueton Berthier Mle 1892 M 16.
F.S.A. Mle 1917
Mousquetons Mles 1917 et 1918.
Fusil-mitrailleur C.S.R.G. Mle 1915.
Mitrailleuse APX 1905.
Saint-Etienne Mle 1907.
Hotchkiss portative Mle 1908/13.
Hotchkiss Mle 1914

Cartouche à balle M.
Cette cartouche devient réglementaire en 1890. Le logement d'amorce et celui de l'enclume sont maintenant réalisés par fraisage et non plus par étampage. De plus, le collet comporte à sa base, sur la partie interne, un renforcement circulaire du métal destiné à l'appui d'une bourre de cire.

La balle est de forme cylindro-ogivale à l'extrémité méplate, très semblable à la plupart de ceux alors en service dans les diverses armées étrangères. Elle est chemisée de maillechort (alliage de cuivre, nickel et zinc, inventé par les Français Maillot et Chorier), avec un noyau de plomb durci à 5% d'antimoine.

Aux vitesses atteintes par cette balle, de nombreux incidents de tir furent notés par rupture de l'enveloppe entraînant un déchirement du projectile, d'où la poursuite de recherches continues en la matière jusqu'à l'adoption de la balle en laiton massif de Désaleux.

Le méplat du projectile est, à partir de 1887, marqué d'une lettre correspondant au fournisseur du métal. En fait, on peut déjà observer cette caractéristique sur les toutes premières munitions expérimentées à l'E.N.T. de Chalons.

L'amorçage de l'étui est lui-même assez remarquable puisqu'il est fait usage d'un couvre-amorce de laiton coupelle venant coiffer ladite amorce afin de la protéger d'une percussion occasionnelle dans le magasin tubulaire. L'amorce Mle 1886 contenait, dans une coupelle de cuivre rouge de 0,30 mm d'épaisseur, une composition fulminante de 0,03 g. Elle donnait de nombreux longs-feux et ratés de percussion. Elle fut remplacée par le Mle 1890 avec 0,04 g de composition comprenant 0,02 g de fulminate de mercure, 0,01 g de chlorate de potatium et 0,01 g de sulfure d'antimoine.

Seule la France a utilisé le principe de la coupelle couvre-amorce dès cette époque. Cette pièce, à l'origine épaisse de 0,44 mm, passe à 0,52 mm sur le Mle 1914 et devient inutile avec l'abandon progressif des armes à magasin tubulaire.

La composition est recouverte d'un paillet en étain pur, alliage d'étai ou simplement papier, afin d'en assurer l'étanchéité.

Au début, pour le Mle 1886, la charge propulsive est de 2,60 g de poudre B. Cette poudre, aux grains peu homogènes, produisait durant les manipulations, une certaine quantité de poussier, ce qui en augmentait la vivacité de manière imprévisible, d'où irrégularités de montée en pression et de vitesse.

En 1888, Vieille améliore sa poudre qui devient la BF(NT) (F pour fusil, NT pour nouveau type), afin de différencier de la BC (c = canon= adoptée par l'artillerie. La charge passe à 2,80 g.

En 1891, avec les étuis M à capacité réduite, on revient à 2,75 g. En 1896, on incorpore au dissolvant de l'alcool amylique, ce qui donne la BF (AM).

La cartouche 1886 M définitive pèse 29,75 g et donne, dans le tube du fusil Lebel, une Vo de 632 m/s.

Balle M


ART M/VE.Bs/3/97. ART M: Artillerie, M pour étui à base modifié dite 1886 M.
Px: Atelier de Construction de Puteaux.
Bs: Atelier de Laminage de l'Ecole de Pyrotechnie de Bourges, fournisseur de métal.
3: fabrication de 3ème trimestre de 1897.



ART M/RS.R/3/94
ART M: Artillerie, M pour étui à base modifié dite 1886 M.
RS: Atelier de Construction de Rennes.
R: Tréfileries et Laminoirs du Havre à Rugles. Parfois cartouchiers eux-mêmes sous le nom de Cartoucherie De La Seine.
3: fabrication de 3ème trimestre.
94: année de fabrication.


Cartouche de 8 mm Mle 1886 à balle D.
En 1898, la France se trouve, malgré sa munition aux formes périmées, dans le peloton de tête de l'armement européen, grâce à l'adoption de la balle D, oeuvre du capitaine Désaleux. C'est un projectile bi-ogivale monobloc en laiton (ou tombac) 90/10 (soit 10% de zinc pour 90% de cuivre). Sa caractéristique principale est une tension de trajectoire très augmentée et une portée supérieure d'un quart par rapport à l'ancien modèle. Elle mesure 39,20 mm au lieu de 30,50 mm et possède un léger méplat d'ogive.

Avec son poids de 12,80 g, elle atteint une Vo de 701 m/s. La bourre de cire a été supprimée, permettant au nouveau projectile de se loger correctement, malgré sa plus grande longueur, sans modifier celle de la munition complète. A partir de 1905, est pratiquée une gorge de sertissage car la nouvelle forme ne permet pas une tenue convenable sur l'étui sans cette opération.

La balle D est fabriquée par étampage à froid et compression à partir de fils cylindriques de laiton. Sa tranche postérieure porte des marques de fabrication. Le renfort interne du collet a été également supprimé et la charge de poudre se fait avec de la BN3F. Ce sigle correspond à une nouvelle fabrication caractérisée par l'adjonction d'une légère quantité de nitrate de potassium ou de baryum.


ART D/VE Bs/1/12. ART D: Artillerie, D pour balle bi-ogivale Désaleux dite balle D.
VE: Atelier de Construction de Valence. Cessation d'activité en 1962.
Bs: Atelier de Laminage de l'Ecole de Pyrotechnie de Bourges.
3: fabrication de 1er trimestre de 1912.


Cartouche Mle 1886 D (a.m.).
a.m. signifie amorçage modifié. A partir de la mise en service de la balle D, les nouvelles munitions avaient subi une importante modification du culot, sous la forme d'un évidement circulaire autour du logement du couvre-amorce, destiné à recevoir, dans les magasins tubulaires, la pointe de la balle de la cartouche suivant (étui mle 1886 D).

En 1905, à la suite de la découverte de fuites de gaz se produisant au joint de couvre-amorce et même de désamorçage, l'E.N.T. propose une modification de l'amorçage, par éloignement de la rainure vers la périphérie du culot et un listel ménagé entre ladite rainure et le puits d'amorce, rabattu ultérieurement sur un couvre-amorce plat sertissant l'ensemble. C'est une modification à peine différente, proposée par la Section Technique de L'artillerie qui deviendra réglementaire en 1912, donnant ce que l'on appelait le type D (a.m.) ancienne marque. Ensuite, par simplification du profil du listel et modification du marquage, on obtiendra le type définitif ou cartouche D (a.m.) nouvelle marque. En 1915, on augmentera encore l'épaisseur des corps d'étui de quelques centièmes de millimètres dans la zone proche du culot, ce qui donnera l'étui dit renforcé.

Au niveau de l'amorçage, le paillet d'étain est définitivement remplacé par un opercule de papier à partir de 1917. Enfin, la poudre peut être remplacée par de la BFP1, analogue, à la poudre utilisée en Allemagne. La lettre P suivie de l'indice numérique caractérise la progressivité.

8 mm Mle 1886 D a.m.
TE/BS/1/17. TE: Atelier de Construction de Toulouse.
BS: Atelier de Laminage de l'Ecole de Pyrotechnie de Bourges.
1: fabrication du 1er trimestre de 1917.


8 mm  Mle 1886 D
SF/SF/2/30. SF: Société Française des Munitions (Gévelot) à paris. Ici cartouchier et fournisseur de métal 3 h et 9h.
2-30: fabrication du 2ème trimestre de 1930.


Cartouche à balle S.F.M.modèle 1917.
Le début de la Grande Guerre provoque une mobilisation générale de l'industrie française. Il importe de produire un maximum de munitions dans les délais les plus brefs et très vite on va faire appel au privé. La SFM fabriquait déjà bien avant 1914 des cartouches de 8 mm Lebel destinées au marché civil.

Le bureau d'études d'Issy les Moulineaux ira plus loin en concevant un modèle de cartouche Lebel pour mitrailleuses, montant une balle à noyau de plomb et chemise de cupronickel, très proche du projectile S allemand, qui sera officiellement adopté en tant que modèle 1917.

La V25 est de 720 m/s avec un poids de projectile de 12,55 g à 12,90 g. Le culot est plat à bords arrondis avec le marquage typique de la SFM. La charge est de 3,15 g de BNF3 standard.

Balle SFM Mle 1917
SFM/étoilé/étoile/GG. SFM: Société Française des Munitions, fondée en 1884 à Paris par regroupement de Gévelot et Gaupillat.
GG: entrelacées dos à dos, ce monogramme pour Gévelot et Gaupillat se retrouve sur la plupart des cartouches fabriquées par cette firme jusqu'en 1939.


Cartouche modèle 1886 à balle chemisée modèle 1923 C.
Cette munition reprend les données de la cartouche SFM Mle 1917, avec un projectile assez semblable mais un peu plus long (35,20 mm contre 31,32 mm), pour un poids de 12,60 g. Le noyau est un lingot de plomb antimoineux (3%) et la chemise est soit en cupronickel, soit en acier cupronickelé (magnétique). La différence morphologique essentielle est la présence d'une gorge de sertissage. Son identification ne peut se faire que par la présence d'un projectile à l'aspect du maillechort et un marquage de culot antérieur à 1932 ou, démonter la cartouche.

Cartouche modèle 1932 N.
En 1932 est officiellement adoptée une nouvelle cartouche à balle lourde chemisée adaptée au tir de mitrailleuse. Cette munition est destinée aux mitrailleuses dont la chambre doit d'ailleurs être modifiée par fraisage pour correspondre à des côtes de collet légèrement différentes. La précision aux grandes distances, déjà bonne avec la Hotchkiss Mle 1914, est encore améliorée. Le projectile suit les lignes de la balle D mais est entièrement chemisé d'acier plaqué de cupronickel sur noyau de plomb durci à l'antimoine au poids de 12,50 g.

L'étui est serti sur la balle. Les tables de construction sont définies par un cahier des charges daté du 14 février 1929. La charge est d'environ 3 g de poudre B Pa 0,3 (paillettes).

L'amorce, également modifiée est dite Mle 1932. En fait l'ogive de queue est légèrement différente de celle de la Désaleux. Cette munition constitue la dernière variante de cartouche à balle de 8 x 50 R en service. Sa fabrication se poursuivra jusqu'en 1948. La V25 est d'environ 690 m/s.

8 mm Mle 1932 N
LM/C/1/35. LM: Atelier de Construction du Mans.
Compagnie française des Métaux à Castelsarrazin (société privée), fournisseur de métal.
1: fabrication du 1er trimestre de 1936.


Cartouche à balle N, étui acier, fabriquée sous l'occupation allemande.

Cartouche à balle N, étui acier
OYJ/St/1/44. OYJ: Ateliers de Construction de Tarbes.
St: étui acier.
1-44: fabrication du 1er trimestre de 1944.


Idem ci-dessus mais avec un étui laiton.


MS/pas/1/44. MS: signifie Messing = laiton.
pas: Atelier de Construction de Toulouse.
44: fabrication de 1944.


Cartouche à balle Mle 1932 N civile, contrat exportation.

Cartouche à balle Mle 1932 N civile
GEVELOT/*/*/8mm. GEVELOT: firme fondée à Paris par Marin Gévelot en 1820, fusion avec Gaupillat & Cie en 1883. Devient Société Française des Munitions en 1884. Prend le nom de Gévelot S.A. en 1950.
8mm: Calibre de la cartouche.


Cartouche probablement fabriquée dans l'urgence, ce qui pourrait expliquer l'absence du code fournisseur. La balle Mle 1932 N est chemisée cupro-nickel, l'étui est en laiton.

Cartouche à balle Mle 1932 N sans code fournisseur
TS/1/40. TS: Ateliers de Construction de Tarbes.
1-40: fabrication du 1er trimestre de 1940.


Cartouche à balle chemisée tombac, étui laiton. Origine Pologne.


E/PK/67/28. Fabrication de la firme Pocisk Polska Akcyjna à Varsovie en 1928.


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